La contribution à l'audiovisuel public devrait être inconditionnelle (TV ou pas, tu la payes) - GuiGui's Show
Je copie-colle.
Y'a des arguments auxquels je n'avais jamais pensé avant (les bienfaits annexes et indirects), même si je ne suis pas tout à fait du même avis sur d'autre (la bulle YouTube, de laquelle on peut quand même s'extraire, à condition de diversifier ses sources).
Allez voir l'article original, il y a des liens vers diverses infos en plus.
Les personnes qui disent « je ne regarde pas la TV » me font marrer. Ça donne un petit côté intellectuel qui ne se laisse pas manipuler facilement. C'est toujours aussi tendance et mignon. Ce qui est marrant, c'est de laisser passer le temps : l'écrasante majorité de ces grands penseurs finira par mentionner, un jour, pour argumenter, un reportage diffusé sur Arte ou France 2 ou… Ho, si tu leur en fait la remarque, l'excuse suivante sera vite dégainée : « nan, mais je l'ai regardé sur Youtube, je n'ai pas la TV, t'es ouf ! ». Oui, enfin tu as regardé un contenu audiovisuel construit au format TV et financé par une chaîne de télévision, donc, bon, à moment donné il faut bien dire ce qui est : tu regardes la TV. Désolé pour ton image de grand intellectuel.
De même, les personnes qui prétendent ne pas regarder la TV, mais qui ont un abonnement Netflix ou qui regardent quelques chaînes Youtube me font tout autant rire : tu regardes un nombre limité de contenus choisis par quelqu'un d'autre que toi, donc tu es toujours dans un mode de diffusion vertical de l'information. Comme avec la tévé, quoi. Nan, parce que, bon, regarder quelques chaînes Youtube mises en avant par le logiciel de Google parmi un nombre infini de chaînes, ça revient bien au même que de regarder l'ORTF dans un monde fini de fréquences hertziennes (et donc de chaînes) : c'est une petite partie du contenu et il t'as été mis sous le nez par quelqu'un d'autre que toi. Quand on me rétorque que « Youtube est moins pire, car il n'y a pas de ministre de l'information ni de chiens de garde », je désespère de l'humanité : il y a le conformisme social auquel tu te soumets ainsi qu'un logiciel dont tu ignores tout du fonctionnement qui te préconise des contenus à visionner en fonction de ce que tu penses déjà (on nomme ça une bulle) qui s'assure que le conformisme social s'applique. Bref, ce n'est pas parce que tu regardes Youtube ou Netflix ou autre que tu n'as pas un comportement similaire à quelqu'un qui regarde la tévé. Désolé pour ton image de grand intellectuel, bis.
Cette distorsion de la réalité à propos de qui regarde la TV ou non fausse un autre débat : celui de la contribution à l'audiovisuel public que personne veut payer. En ce qui me concerne, je suis pour que cet impôt soit inconditionnel : tu possèdes une télé ? Tu payes. Tu ne possèdes pas de TV ? Tu payes. Tu possèdes aucun moyen de visionner un quelconque contenu audiovisuel, pas même Internet ? Tu payes. Pourquoi ?
Parce que la télé publique profite à tout le monde, même aux personnes qui n'en regardent pas les contenus. Les documentaires qu'elle (co)finance alimentent le débat public. Cash investigation, par exemple, rend les gens moins ignorants, et a permis l'ouverture de procès. Les jeux qu'elle finance et diffuse créent de la cohésion sociale (en plus de rendre les gens moins ignorants pour certains jeux) quand des gens en discutent voire se retrouvent pour les regarder ensemble, notamment les personnes âgées. Même les prétendus (tout est question de point de vue) navets qu'elle finance (comme Plus belle la vie, que l’on me cite souvent en contre-argument), ça permet à des gens de se faire plaisir, d'éteindre leur cerveau, et ainsi de ne pas être aigri comme les anti-TV de base. Bref, tout le monde y trouve son compte et la société dans son ensemble y gagne.
La plupart de ces contenus coûtent trop cher à produire pour pouvoir être financés spontanément par du financement participatif, compte-tenu de leur fréquence (notamment). Et rien ne dit que le citoyen financerait des contenus totalement nouveaux qui iraient dans le sens de l'intérêt général, notamment en matière de journalisme d'investigation où le but est justement d'éclairer "de force" le citoyen sur des sujets qu'il ignore afin qu'il demeure citoyen. Si l'on donne au citoyen ce qu'il veut en matière d'information, alors on court à l'uniformisation et à l'affaiblissement de l'esprit critique. De l'autre côté, rien permet d'affirmer que le privé financerait tout ça, surtout les documentaires qui ne vont pas dans le sens de leur business.
Tu chipotes sur la redevance TV quand tu prétends ne pas la regarder, mais tu finances l'école publique même quand tu n'as pas d'enfant, tu finances la recherche scientifique sur une maladie que tu n'auras jamais ou sur un concept que tu n'envisageras jamais d'utiliser, tu finances les infrastructures routières ou maritimes ou télécoms ou… même celles que tu n'utiliseras jamais de ta vie, etc., etc. Ça se nomme « jouer collectif » et, globalement, ça crée une société moins pourrie.
Mais, en vrai, tout le monde profite des choses financées. Exemples : l'école publique profite à tout le monde, même aux personnes stériles, car elles peuvent adopter, bien sûr, mais surtout car elles bénéficient d'une société rendue (un peu) moins ignorante par l'école publique. Tu profites au quotidien de la recherche fondamentale apparemment inutile, etc., etc. Tout le monde profite de la TV pour les raisons indiquées dans le 4e paragraphe ci-dessus.
Pour moi, la question pour décider de financer ou non un service public n'est pas de savoir si nous l'utilisons effectivement, mais si ce service est utile à l'intérêt général et si l'on veut que ce service existe indépendamment du gain individuel immédiat qu'il pourrait nous apporter (autrement dit : l'impôt n'a pas pour but exclusif d'être utile à ta petite personne). Derrière la question de la contribution à l'audiovisuel public se cache la question : veut-on un service public de financement et de diffusion de contenus audiovisuels ? Pour moi, la réponse est oui (pour les raisons exposées dans le 4e paragraphe ci-dessus), donc, pour moi, tout le monde doit financer ce service public, pas uniquement les détenteurs de matériel de réception.
Il reste la question de l'usage des impôts. Si tu penses que l'école publique est malsaine ou que telle ou telle chaîne TV a massivement diffusé du contenu qui est contraire à l'intérêt général ou que tu es scandalisé de constater que 105 k€ ont été gaspillé pour la rénovation du bureau du PDG de Radio France (société commerciale financée à 90 % par la redevance TV), ou que telle infrastructure a coûté trop cher ou que… tu devrais pouvoir l'exprimer et être entendu. Je n'ai pas de problème avec l'impôt, j'ai un problème avec son mauvais usage et l'absence de réel contrôle démocratique de cet usage que la Déclaration des Droits de l'Homme de 1789 m'octroie pourtant. C'est cela qu'il faut changer. Supprimer l'impôt revient à se faire du mal. Contrôler son usage profite à la communauté. Ce n'est pas en t'attaquant à l'impôt que tu te feras entendre sur les dérives de telle ou telle dépense financée avec.
Thursday 30 August 2018, 23:06 - permalink -
-
http://shaarli.guiguishow.info/?fPqfKw